lundi 10 novembre 2003

FOTOAUSSTELLUNG "SILENCES"



©  Anne Immelé, Silence, Institut français, Stuttgart


Eröffnung: Montag, 10. November, 19.30 Uhr im Institut français de Stuttgart. Es spricht: Michel Griscelli, Fachreferent für bildende Kunst und Museen in der DRAC Elsass. Die Ausstellung zeigt Fotografien, die Anne Immelé während ihres Aufenthaltes am Institut français im Winter 2003 aufgenommen hat. Auf Streifzügen durch Stuttgart und seine unmittelbare Umgebung hat sie Bereiche der Leere und Stille ausmachen können, die eher einen Eindruck von der Existenz selbst als von der Realität vermitteln. Die Fotografien sind angefüllt von der surrealen Präsenz des winterlichen Lichts. Eine weitere Fragestellung Anne Immelés ist die des Gegensatzes zwischen natürlichen und durch den Menschen neu geschaffenen Landschaften. Letztere „falsche“ natürliche Landschaften manifestieren sich im Aufeinandertreffen urbaner und natürlicher Formen: Bäume, das Flechtwerk der Vegetation, Schneeteppiche, Wasserflächen – alles natürliche Elemente, die sich in die urbane Landschaft einschreiben.Veröffentlichung eines begleitenden Katalogs „Wir“ (Einleitung Jean-Luc Nancy, Edition Filigranes 2003)


Dauer der Ausstellung: Bis 5. Dezember


Di-Do 14 – 18.30 Uhr, Do 10 – 13 Uhr, Fr 14-17.30 Uhr und nach Vereinbarung

In Zusammenarbeit mit dem Ministerium für Wissenschaft, Forschung und Kunst des Landes Baden-Württemberg und der DRAC Alsace




lundi 20 octobre 2003

WIR / FILIGRANE EDITION


© Anne Immelé Image extraite de WIR, p.13
© Anne Immelé Image extraite de WIR, p.37
"Das Buch WIR beinhaltet Schwarz-weiß-Fotos, die ich von 1995  bis 2002 gemacht habe. In diesem Buch erscheinen die ersten Seefotos. Das Wasser hat sich allmählich in Stadtfotos eingeschlichen, die ich in Quebec aufgenommen habe. Ein Schwimmbad in einem Hotel, Ein Robbenschwimmbecken, oder ein leerer Parkplatz: viele Bilder, die an Seen erinnern. Was ich als See bezeichne, ist nicht unbedingt eine « große Süßwasserfläche », sondern im weiteren Sinne irgendein Bereich, irgendeine leere Fläche, die in einem Raum eingeschlossen ist. Immer wieder habe ich nach diesen Formen im Stadtraum gesucht. 1998, zurück im Elsass, nach zwei Jahren in Quebec, habe ich angefangen, vogesische Seen zu fotografieren. Diese Bilder sind mit der Schwere eines Lichtes verbunden, das in seiner spektralen Dimension betrachtet wird. Die Dimension der Lichtspur ist hier mit der Dimension des Erinnerungvermögens der Fotografie zu verbinden." A.Immelé (Traduction du français par Sabine Clochey)


© Anne Immelé Image extraite de WIR p.29

"Le livre WIR réuni des photographies prises de 1995 à 2002, en noir et blanc. C’est dans ce livre, qu’apparaissent les premières photos de lacs. L'eau s'est immiscée peu à peu dans des photographies urbaines prises au Québec. Une piscine dans un hôtel, un bassin d’otaries, ou un parking vide : autant d’images rappelant les lacs. Ce que je nomme « lac » n’est pas uniquement une « grande nappe d’eau douce », c’est par extension, toute étendue, toute aire vide enserrée dans un espace. De manière récurrente, j’ai recherché ces formes dans l’espace urbain. En 1998, de retour en Alsace, après deux ans au Québec, j'ai commencé à photographier des lacs vosgiens.  Je voulais me confronter directement à la surface de l'eau qui, dans mes photos, est un élément existentiel nous renvoyant à nous-même. Dans le livre WIR, ces photos de lacs sont associées avec des vues urbaines et des personnages pris dans leur pensées. Les images sont reliées par la pesanteur d’une lumière considérée dans sa dimension spectrale. La dimension de trace, d’empreinte lumineuse est à relier ici avec la dimension mémorielle de la photo."
http://www.filigranes.com

mercredi 15 octobre 2003

WIR, Filigranes édition


Jean-Luc Nancy et Anne Immelé, Crac Altkirch
Présentation / signature en présence d'Anne Immelé et de Jean-Luc Nancy :
- Dimanche 23 novembre 2003 à 19h au CRAC Alsace
18, rue du Château, 68130 Altkirch
+ 33 (0)3 89 08 82 59 / www.cracalsace.com

- Lundi 24 novembre 2003 à 19h15, librairie Quai des Brûmes
35, quai des Bateliers, 67000 Strasbourg


Signature Anne Immelé :
- Samedi 15 novembre 2003, entre 15h et 17h, Salon Paris Photo,
Stand Filigranes.


WIR
photographies d'Anne Immelé / texte de Jean Luc Nancy
Filigranes Éditions Paris
BILINGUE français / allemand

Evoquer l’existence plus que la réalité. Wir est une séquence qui regroupe des photographies faîtes dans différents territoires. Ces territoires sont emplies de froids, de blancs, de nuits, de brumes. La pesanteur des nuages sur les lacs vosgiens y résonne avec la fulgurance des congères de neige québécoise. Dans le silence et dans la nuit, dans la blancheur et dans le froid, des confrontations se jouent entre des mises à nu de visages et de corps et des états de réflexions au seuil des espaces et des mondes faits d’instabilités existentielles et poétiques.
Parution : 15 Octobre 2003
Collection : Hors Collection
Français
ISBN 13 : 978-2-914381-61-1
Format : 215 x 215
80 pages
Broché
48 photographies en noir et blanc bichromie.

25 € commander sur le site Filigranes


samedi 22 février 2003

Reflexions sur Austerlitz

Je viens de terminer la lecture d'Austerlitz, et écris ici quelques réflexions : 

"Comment le souvenir des gens et des événements du passé vient hanter les vies et résonner dans l’espace qui entoure les survivants, ceux qui ont échappé aux catastrophes et aux destructions ? Cette question hante les récits de Sebald. Dans ces récits poétiques et politiques, Sebald cherche à pallier un déficit de nos mémoires face à la destruction, et, en premier lieu, de la mémoire allemande. Il écrit dans sa langue maternelle (l’allemand) depuis l’Angleterre, car il est voué à une errance mélancolique, il travaille une prose de l’exil. Son œuvre littéraire s’ancre dans une lacune mémorielle : la conspiration du silence qui en Allemagne règne sur la destruction et les ruines du pays au lendemain de la deuxième Guerre mondiale. Il y a eu un refoulement collectif de cette mémoire, le travail de deuil n’a pas été effectué.
Le personnage du roman, Jacques Austerlitz ne cessera de chercher à faire affleurer des images du passé dans le présent, à entretenir "un lien vivant avec le passé". Il est incapable d’apaiser en lui « le temps démonté des souvenirs » ce qui se traduit chez lui par des symptômes comme l’évanouissement ou le vertige. Austerlitz ignore initialement tout de son passé et n’apprend son véritable nom qu’à l’adolescence. Austerlitz fait en effet partie des enfants juifs envoyés pas leurs parents en Angleterre, depuis l’Europe centrale, en l’occurrence Prague, au début de la Seconde Guerre Mondiale. Adopté par un pasteur et sa femme le personnage ne découvrira son pays et sa langue d’origine qu’à l’âge mûr.

Au début du livre, le narrateur rencontre Jacques Austerlitz dans la salle des pas perdus de la gare centrale d'Anvers; ils discutent dans le buffet de la gare, dans lequel se trouve une impressionnante horloge : « Pendant les pauses de notre discussion, nous prenions l'un et l'autre la mesure du temps infini que mettait à s'écouler une seule minute, et nous étions chaque fois effrayés, bien que ce ne fût pas une surprise, par la saccade de cette aiguille pareille au glaive de la justice, qui arrachait à l'avenir la soixantième partie d'une heure, puis tremblait encore une fraction de seconde, lourde d'une menace qui nous glaçait presque les sangs". Sebald nous fait alors ressentir le passage d’une seconde.

Pourtant la notion même de temps rationnel, scientifique est remise en cause dans le livre : "Le temps était de toutes nos inventions la plus artificielle et, lié aux étoiles tournant autour de leur axe, il n'était pas moins arbitraire que s'il eût été calculé à partir des cernes de croissance des arbres ou de la durée que met un calcaire à se désagréger ..." plus loin : "De fait, dit Austerlitz, je n'ai jamais possédé d'heure, ni de régulateur ni de réveil, ni de gousset, ni encore moins de montre-bracelet. Avoir l'heure m'a toujours paru quelque chose de ridicule, de fondamentalement mensonger, peut-être parce qu'une nécessité interne que je n'ai jamais moi-même réussi à comprendre m'a toujours fait regimber contre le pouvoir du temps et me tenir à l'écart de ce que l'on a coutume d'appeler l'actualité, dans l'espoir, me dis-je aujourd'hui, dit Austerlitz, que le temps ne passe pas, ne soit point révolu, que je puisse revenir en arrière et lui courir après, que là-bas tout soit comme avant ou plus précisément, que tous les moment existent simultanément, auquel cas rien de ce que raconte l'histoire ne serait vrai, rien de ce qui s'est produit ne s'est encore produit mais au contraire se produit juste à l'instant où nous le pensons, ce qui d'un autre côté ouvre naturellement sur la perspective désespérante d'une détresse perpétuelle et d'un tourment sans fin. "

" Si Newton a réellement pensé que le temps s'écoule comme le courant de la Tamise, où est son origine et dans quelle mer finit-il par se jeter ? " 

L’image du fleuve représente souvent le temps, qui est un défilement, un déroulement. La prise de conscience de l’instant, l’immobilisation de l’instant présent, par la photographie par exemple, est une césure, une interruption dans ce fleuve ininterrompu.

Dans une conférence donnée en 2009 à Mulhouse, Jean-Christophe Bailly  a analysé le lien entre le temps continu et l’image fixe – qui est une interruption de ce flux. Pour lui, trois approches, trois interruptions du temps sont possibles :
- la contemplation
- le souvenir
- l’image

Le livre de Sebald contient ces trois dimensions.

Pour Bailly, la contemplation, c’est le temps ralenti, la contemplation qui agit comme une infusion. C’est une situation de retrait, hors du temps. "L'immobilité est une vibration, un absolu de la vibration, et c'est ce tremblement du temps, ce tremblement des choses dans le temps, que la photographie donne à voir" (Jean-Christophe Bailly, L'instant et son ombre)

Le passé ne s’enfonce pas irrémédiablement, il revient sans cesse sous forme d’images : c’est ce processus que décrit Austerlitz. Quelque chose en moi dormait, qui se réveil, en une collision d’images. Une pensée se forme autour de ces images.

Les ombres,
Les empreintes,
Les reflets

Sont des formes d’existence entre la présence et l’absence, entre l’être et le non être.

Ces dimensions de la photographie se retrouvent dans le livre, car Austerlitz pratique la photo :

« Ce qui m’a constamment fasciné dans le travail photographique, c’est l’instant où l’on voit apparaître sur le papier exposé, sorties du néant pour ainsi dire, les ombres de la réalité, exactement comme les souvenirs, qui surgissent aussi en nous au milieu de la nuit et, dès que l’on veut les retenir, s’assombrissent soudain et nous échappent, à l’instar de l’épreuve laissée trop longtemps dans le bain de développement. »

Le récit est accompagné de photographies, mais nous ne savons pas d’où viennent ces photos illustrant le livre, ni qui les a prise. Ont-elles été collectées dans des marchés, trouvées dans un grenier ou ont-elles été prises par l’auteur ? Quelques soit leur origines, elles viennent appuyer le récit, leur donner une véracité ; nous sommes entre le réel et la fiction.

Tout au long du livre, une réflexion sur l’image se développe. Sebald considère d’abord l’image comme liée à l’éphémère,  cela se caractérise par l’attirance d’Austerlitz pour les insectes, pour les ombres et pour le surgissement. La photographie l’intéresse uniquement dans sa puissance d’apparition, pour son statut de traces, d’empreinte du passé, de témoignage fragile et vacillant. Notons l’attrait pour les insectes, plus particulièrement pour les mites et les papillons. (Description des essaims de papillons de nuit qui décrivent des trajectoires en arc, en spirale, en boucle.) Lors de ses observations nocturnes, Austerlitz remarque que les stries lumineuses laissées derrière les papillons n’ont en réalité aucune existence : « elles n’étaient que les traces fantomatiques dues à la paresse de notre œil, qui croit encore voir un reflet rémanent à l’endroit d’où l’insecte, pris une fraction de seconde sous l’éclat de la lampe, a déjà disparu. C’étaient à ce genre de phénomènes factices, à ces irruptions de l’irréel dans le monde réel, à certains effets de la lumière dans un paysage étalé devant nous, au miroitement dans l’œil d’une personne aimée, que s’embrasaient nos sentiments les plus profonds, ou du moins que nous tenions pour tels. »
On ne peut pas capturer cette image, elle est insaisissable, elle happe le regard dans le temps. C’est pourquoi les images perçues par Austerlitz sont en lien avec l’évanescence, avec le diaphane de l’apparition : « il n’y avait plus de contrastes ni de dégradés, seulement la pulsation imperceptible et instable de la lumière, un flou indifférencié d’où n’émergeaient que les figures les plus fugitives ; et singulièrement c’est l’évanescence même de ces contours, qui me donna le sentiment de l’éternité. » L’instant devient éternité,  l’instant n’en finit pas.

Cette conception de l’image est à relier à sa conception du temps « rien de ce qui s'est produit ne s'est encore produit mais au contraire se produit juste à l'instant où nous le pensons ». Il s’agit, chez Sebald, ce fixer des visions éphémères comme Turner, dont l’aquarelle Funeral at Lausanne, 1841 est insérée dans le texte. Il s’agit d’une image presque sans substance, esquissée par Turner alors qu’il ne peut plus voyager et qu’il est hanté par l’idée de la mort. Fixer le transitoire, le fugitif, l’impalpable se caractérise par de multiples exemples. En fin de journée, Austerlitz contemple les ombres mouvantes d’une aubépine dessinées par les derniers rayon du soleil rasant : « L’instant d’un battement de paupière, j’aperçus des béances immenses, des enfilades de piliers et de colonnades qui se perdaient dans les lointains les plus reculés, … »

Dans le livre, les images du passé ressurgissent au fil des errances. Avant de partir à la recherche de son passé, Austerlitz connaît un délitement de sa pensée. Lui qui a passé son temps à écrire, en tant qu’universitaire spécialiste des architectures de pouvoir, ne peut plus écrire, il perd le fil de ses pensées. Il brûle tous ces écrits, et passe ses nuits à errer dans Londres : « Je parcourais les rues dépeuplées et prenais des centaines de clichés de ce que j’appelais des vues de banlieues, dont le vide et la désolation, je le compris plus tard, correspondaient exactement à mon état d’âme. »

Dans Austerlitz, le passé enfouie ressurgie de différentes manière, tout d’abord dans la fascination pour les architectures témoignant du passé ou vouées à la ruine. Par exemple lorsqu'il est étudiant à Oxford, Austerlitz visite des résidences de campagne menacées de ruine. Ces demeures étaient démolies dans les années 1950 au rythme d'une tous les deux-trois jours : "il n'était pas rare de voir à cette époque des maisons qui avaient été pratiquement dépecée, vidées de leurs bibliothèques, de leurs boiseries, de leurs rampes d'escalier, privées du marbre de leur cheminée et de leurs conduites de chauffage en cuivre jaune; des maisons dont les toitures s'étaient effondrées et qui étaient remplies de débris, d'ordures et de gravats jusqu'à hauteur du genou ..."